Le grès, matériau humble et intemporel

Un mélange d'argile, de sable, de silice et de Feldspath

Connu pour ses propriétés résistantes et son aspect intemporel, le grès est un matériau naturel issu de mélange d’argile et de grains de sable fin avec de la silice et du feldspath, un tout retravaillé en céramique passant par une cuisson à haute température excédant les 1200°. Elle subit de ce fait une vitrification naturelle qui la rend imperméable.

Offrant un impact esthétique fort, c’est aujourd’hui une des terres les plus utilisées en céramique, qui puise son origine depuis la nuit des temps.

Un usage dès le moyen-âge en Chine et en Occident

Du fait de sa provenance facilement accessible, le grès a vite montré son utilité en tant que matériau pour façonner la vaisselle. Faisant d’abord son apparition en Chine en 1570 av JC, sous la dynastie Shang, avec la mise en place de fours à haute température, la technique se perfectionne avec les
potiers chinois de la dynastie des Song. En Asie, on retrouve plus tard de nombreux potiers en Corée et au Japon.

C’est au Moyen Âge que le grès va se populariser en Occident, il sera présent dans toutes les demeures. Connu comme matériau étanche, il sera souvent transformé pour servir de récipient en cuisine, de pots, de cruches. Il gagnera ensuite le domaine pharmaceutique pour les onguents ainsi que les champs.

Dans les textes de l’époque on y retrouve vantés de nombreux mérites notamment l’avantage du goût spécifique que les contenants en grès apportent aux denrées alimentaires et les qualités thermiques de celui-ci.

Au sein des régions rhénanes en Allemagne, au Limbourg en Belgique, ainsi qu’en Normandie, des centres de productions de grès verront le jour grâce à l’abondance des terres employées sur ces lieux.

L'Industrialisation du grès en France au XIXe siècle

Durant le 19e siècle il connaît une grande popularité qui mène à l’industrialisation de sa production en Europe.

Encore aujourd’hui, on retrouve de nombreuses inscriptions sur les poteries en grès témoignant des origines des objets :

  • Les poteries de la Scarpe et le grès Niderville (depuis 1735) avec leurs carrières d’extraction de la terre en Hauts-de-France et dans le Grand Est.
  • La marque de la faïencerie de Sarreguemines ; associée à Paul Utzschneider l’entreprise a diversifié son activité en travaillant le grès après s’être inspiré des productions anglaises. Au fil du temps de nouvelles usines de la faïencerie se créent à Digoin et Vitry-le-François, d’où l’apposition Grès Digoin Sarreguemines.
  • Diverses manufactures se regroupent également sous la CNP, compagnie nationale de porcelaine, qui a vu le jour dans les années 60 et appose également sa marque sur des productions en grès. Elle comprend des usines situées dans la province historique du Berry où est localisé La Borne, village
    de potiers célèbre pour sa création de céramiques depuis le Moyen-Âge.

Grâce à de nombreux potiers en France qui soulignent la beauté du matériau durant le courant Art Nouveau, le grès se détourne de l’objet simple et pratique à l’allure rustique. C’est le cas avec des artistes comme Ernest Chaplet, Pierre-Adrien Dalpayrat, ou Auguste Delaherche.

© Musée de Sarreguemines, un atelier de modelage au XIXe siècle

Un usage multiple, quotidien et versatile

Matériau prisé qui traverse les époques au service des objets du quotidien, il conserve aujourd'hui son utilité d’antan avec les vases et les jarres ou la vaisselle pour une utilisation de cuisine ou de service.

On le retrouve sous des formes variées, toutes pensées pour durer et traverser les modes :

  • Vases et jarres : pour accueillir des fleurs fraîches ou séchées, ou simplement comme sculptures décoratives.
  • Pichets et cruches : historiquement utilisés pour le vin, l’eau ou le lait, et aujourd’hui détournés en objets de table ou de décoration.
  • Pots à confitures, bocaux à épices ou à moutarde : témoins d’un savoir-faire domestique et d’une esthétique utilitaire sobre.
  • Assiettes, bols et tasses : éléments de vaisselle devenus iconiques, entre artisanat et usage quotidien.
  • Plats à gratin ou à cuisson : résistants à la chaleur, certains grès peuvent passer du four à la table.
  • Fontaines, rafraîchissoirs à vin, ou bouteilles en grès : objets anciens parfois oubliés mais d’une élégance fonctionnelle.
  • Cache-pots et jardinières : sobres et texturés, parfaits pour intégrer les plantes à l’intérieur avec harmonie.

Chaque pièce raconte un fragment de l’histoire domestique, entre simplicité et chaleur de la matière.

Notre sélection d'objets en grès XIXe siècle - Notre sélection d'objets en grès XIXe siècle -